Vrai du faux… Savon de Marseille

✔️ 2022-04-15 04:52:24 – Paris/France.

Savon de Marseille, 100% Marseille, patrimoine marseillais… toutes ces appellations joliment imprimées sur l’étiquette ont de quoi faire tourner la tête. Quel savon est digne de confiance ? Au sein de cette industrie, tout le monde se bat pour le Saint Graal, le droit d’utiliser le nom tant convoité de l’Indication Géographique (IG), l’équivalent de l’AOP pour l’alimentation, telle qu’appliquée par l’Harmon Act de 2014.

Les savonneries se battent pour cette certification depuis cinq ans. L’Association française de Marseille de Marseille (ASDMF), qui est la dernière à entrer dans le bal, va remettre des documents à l’Inpi, l’Institut national de la propriété industrielle, seul habilité à délivrer ce label. L’association, qui regroupe 95% des producteurs français de « savons de Marseille » bruts (Savonnerie de l’Atlantique, Provendi, Lorcos, Bernard Cosmetics), espère « étouffer le débat », insiste le co-gérant Pascal Marchal auprès des Savonneries de l’Atlantique. ‘Atlantique. Le but : convaincre une personne qu’il est possible de fabriquer du savon de Marseille sans forcément être implanté à ou autour de Marseille, comme l’ont supplié deux groupes professionnels rivaux.

« La particularité du savon de Marseille réside dans le processus de fabrication, pas là où il est produit », insiste Pascal Marchal, dont la savonnerie bicentenaire de Rezé, près de Nantes, emploie 100 personnes. « Cela suffit pour protéger la technologie nationale de ce savon de Marseille, qui est un mélange d’huile et de soude caustique », a-t-il poursuivi.

énorme défi économique

Face à lui, l’Union des professionnels du savon de Marseille (UPSM) regroupe quatre fabricants (Marius Fabre, Savonnerie du Fer à Cheval, Midi et Sérail) et dépose une demande d’indication géographique pour le fabricant des Bouches-du-Rhône. Sans parfum grâce au processus de mélange au chaudron séculaire. Enfin, l’Association des fabricants de savons de Marseille (AFSM) a défendu le label ouvert pour les fabricants Paca.

L’arrivée de l’ASDMF dans ce Clochemerle franco-français n’est pas sans arrière-pensées économiques. Un tel sceau permettrait à un groupe de s’ouvrir des marchés, notamment à l’étranger, et de fermer les portes à ses concurrents. « Le groupe qui remporte l’IG peut immédiatement poursuivre ses concurrents en justice pour qu’ils cessent d’utiliser le nom du savon de Marseille », s’inquiète Xavier Thiry, vice-président de Provendi Labs. Le problème est évident. Le marché du savon de Marseille croît d’au moins 5% chaque année, avec un chiffre d’affaires annuel d’environ 400 millions d’euros.

Inpi attention à ne pas se mouiller. L’institut avait prévu de gouverner en 2016 et veut désormais se donner du temps. Il s’est dit prêt à étudier toute nouvelle exigence, et a notamment souhaité que ces professionnels finissent par s’accorder sur des normes communes. Et rappelez-vous, les artisans de la Porcelaine de Limoges ont obtenu leur IG en moins d’un an.

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Un peu d’histoire. Le savon de Marseille est une émanation du savon d’Alep (Syrie), fabriqué à partir d’huile d’olive et de laurier. Après les Croisades, l’artisanat traverse la Méditerranée et tire son nom du savon de Marseille au Moyen-Age. Fabriqué par Louis XIV, révolutionné par l’invention de la soude caustique en 1791. Le savon a connu son âge d’or au XIXe siècle.

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